Mes congénères
J’ai le sentiment d’avoir développé depuis deux ans un sixième sens qui me permet de détecter les femmes et les hommes qui vivent le même enfer que nous, ou même qui l’ont vécu. Pour ceux qui le vivent, une autre façon de faire des projets de vacances, de réagir lorsque les autres parlent de leurs enfants, de se comporter à côté d’une femme enceinte, d’un bébé… je dirais presque une façon d’être, une réserve quasi imperceptible, peut-être une vieille tristesse qui traîne au fond des yeux.
Ce radar m’a ainsi permis de tisser autour de moi des relations avec trois ou quatre personnes (des collègues de travail) avec qui je peux vraiment aller au fond des choses sur ce sujet… Car depuis que je vis cette expérience, je réalise que même en ayant côtoyé de très près des couples qui rencontraient cette difficulté, j’étais à mille lieux de m’imaginer l’angoisse métaphysique, le désarroi et la solitude auxquels ils étaient confrontés.
Parmi ces personnes, il y a Aurélia, qui vient de faire sa première fécondation in vitro quasiment en même temps qu’une insémination pour nous. On peut échanger sur des questions pratiques (voire très pratiques, lorsque nous avons partagé un thermos pour nos seringues de Puregon lors d’un déplacement professionnel !) mais ce qui nous apporte le plus, c’est je crois le soutien moral.