L’homme qui n’aimait pas les femmes
La première fois qu’on rencontre le gynécologue qui nous suit à l'hôpital, j’ai le sentiment qu’il ne nous prend pas au sérieux, ou plutôt qu’il ne me prend pas au sérieux. Il réagit comme s’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, comme si notre sentiment était anodin. En ressortant de son bureau, je me sens presque humiliée.
Lorsqu’on revient le voir six mois plus tard, il ne nous dit presque rien. Presqu’aucune question. Il tape sur son ordinateur, prescrit des analyses sur des modèles pré-rempli d’ordonnance, en rayant simplement les analyses inutiles.
On revient quelques mois (=déceptions) plus tard avec de premiers résultats d'analyses, qu’il se refuse à interpréter. Dans la façon dont il s’adresse à Nathan, je vois bien que les siennes ne sont pas bonnes, mais qu’il ne veut pas l'inquiéter. J’essaie de détendre l’atmosphère par quelques plaisanteries qu’il accueille froidement. A un autre rendez-vous, quand je lui demande si je dois prendre un médicament : « Si vous voulez absolument prendre quelque chose, vous n’avez qu’à prendre de l'acide folique… ».