C'est une maladie, un point c'est tout !
Je ne me remets toujours pas de cette brutale transition. Du temps interminable de l’attente au jour où tout bascule et où l’on apprend que le compte à rebours est déjà en marche.
Sur l’échelle des sentiments, je suis passée d’un état de grisaille permanente, de désintérêt généralisé à une humeur normale, voire euphorique…
Quand j’exprimais ma tristesse, d’aucuns m’ont suggéré que ce n’était peut-être pas la PMA qui causait mon malheur, que l’infertilité réveillait sans doute de vieux démon… voire même que cette névrose pourrait être la cause de mon infertilité… Le serpent se mordait la queue, perdue dans les affres de la défiance en soi et de la culpabilité, je me demandais parfois si ces personnes n’avaient pas raison. Derrière leur discours, il y avait souvent l’idée que « la maternité n’est pas centrale dans la vie », « on peut vivre sans enfant » (je ne précise pas, bien sûr, que ces personnes avaient TOUTES des enfants). Devant eux, je finissais par me sentir ridicule de ce désir d’enfant, rétrograde, vieillotte, conformiste…
Aujourd’hui, j’ai quasiment franchi cette frontière fragile : à ce jour, mon petit fantôme n’est encore que cellules vaporeuses mais prometteuses. Mais d’ores et déjà et quoi qu’il arrive par la suite, je peux vous dire qu’instantanément, le jour où le test a viré rose, un ENORME poids a quitté mes épaules, mon cœur, ma tête. En retrouvant ma légèreté perdue, j’ai réalisé à quel point tout m’était devenu difficile dans cette vie : depuis les banalités échangées avec les collègues le matin jusqu’au moment où je posais la tête sur l’oreiller le soir. J’ai simplement retrouvé ma joie de vivre. Et j’ai compris que je n’étais malade QUE de cette infertilité : pas de névrose cachée, pas de caprice de frustrée, pas d’obsession structurelle, pas de relan de vieille bourgeoisie dans ce pur désir d’enfant…
Vous qui êtes encore de l’autre côté, sachez c’est que ce que vous vivez est infiniment douloureux. Nous sommes des malades de la fertilité. Et ça, ça fait souffrir énormément. Mais –parfois- ça se soigne… bien heureusement…
Une grosse pensée pour notre plume qui enfante…